On vit, on travaille. On travaille sur soi, on rit, on pleure. On s’enthousiasme, on se fatigue. On s’investit, on s’use. Tant qu’on n’y pense pas, tant qu’on se réjouit d’un nouveau projet, d’une nouvelle relation, on se sent plein de vie, plein de sens. Et puis, avec les obstacles, la perte de contrôle, la confrontation aux autres, la rencontre du monde, peu à peu, on se fatigue, jusqu’à se sentir vide. On cherche alors qui on est: « Pourquoi en suis-je là ? Pourquoi n’ai-je pas agi autrement ? Pourquoi n’ai-je pas d’autres capacités ? Pourquoi chuter toujours au même endroit ? Pourquoi suis-je Moi ? »
Lorsque nous en sommes à se poser ces questions, nous ne nous suffisons pas à nous-même pour trouver la réponse. Il nous faut « ouvrir le champ ». Sortir de soi et se connecter à quelque chose qui nous dépasse, qui est plus grand que nous et qui nous inclut: la famille, le réseau de connaissances, la société, la communauté, l’énergie, la nature, le divin … Certains de ces champs s’incluent dans d’autres qui lui sont supérieurs:
j’appartiens au champ d’une famille ou d’amis qui lui-même appartient au champ d’une société ou d’une communauté, qui lui-même etc … Lorsque je ne dispose pas des ressources en moi, je vais les chercher dans le champ qui m’inclut directement. Et si je n’y trouve pas les ressources utiles, je vais voir dans le champ supérieur …
Lorsqu’on recherche donc le sens de notre vie, le pourquoi … regarder en nous ne nous donnera qu’un sentiment de vide. C’est en se connectant aux champs qui nous incluent que nous trouverons une réponse. C’est aux fleurs et aux fruits, aux poètes ou aux enfants qu’il faut demander à quoi sert un papillon. Il sert à polliniser les fleurs, à écrire des poèmes d’amour ou à faire de beaux dessins pour ses parents … Nous faisons donc partie d’un monde large, à plusieurs couches. Et dans ce monde, il existe une place précise pour chacun de nous. Même si cette place est difficile à assumer, lourde à porter, blessante par moment, elle est unique et nécessite une personne tout à fait spéciale pour l’assumer: « Soi ».
Regardons donc plus haut et posons-nous la vraie question: « quel est mon rôle ici, à moi spécifiquement » ? Lao Tseu l’avait déjà bien compris: « La meilleure façon d’accomplir, c’est d’être ».
Alors, même si vous n’en voyez pas le sens, SOYEZ. Comme pour le papillon, ceux qui appartiennent aux champs qui vous incluent savent exactement pourquoi vous êtes là et savent que vous êtes précisément la seule personne capable de tenir cette place.
Auteur: Daphné Hirschfeld